Errance ἄθεος

William fit les derniers signes d'adieux à la Caravane marchande qu'il venait de quitter. La journée était chaude, il ne fallait pas traîner pour rallier la ville la plus proche.
Le sable s'engouffra alors dans les failles de son armure et tous l'horizon se mua à d'étranges vapeurs chaudes, si bien que le mirage ne tarda pas à faire son apparition.

William quitta de nuit l'étrange ville flottante qui fut son refuge pendant quelques temps. Son visage était maintenant boursoufflé par la chaleur et le sable, il troqua sa lourde armure pour un habillement plus traditionnel.

L'air iodé lui parvint aux narines lorsqu'il ne fut plus très loin de la côte.
Chaque pas qu'il faisait le perdait un peu plus.
La vue de ce petit port ne lui dit rien qui vaille, et il préféra rester à l'écart.

La nuit était étrange ce soir là et l'ombre des grandes vagues dessinait de grandes formes inquiétantes sur la falaise de rocher.
Recroquevillé sur lui même, la Guerrier en perdition avançait difficilement, son corps, ses vêtements et ses affaires rongé par le sable et le vent.
L'homme longeait le bord de mer, les turbans pourpre de sa tunique traînant derrière lui.

William perdit beaucoup d'affaires personnelles dans la mer lorsqu'il grimpa le chemin escarpé longeant le récif.
Un murmure de flute bohémienne se perdit un court instant dans ses tympans quand il fut arrivé à destination.

La nuit était maintenant pleine, froide, et les mains devant un feu improvisé, il observait l'énorme double porte en bois, silencieuse et massive.

Will continua son siège, éveillé ainsi toute la nuit.

Après avoir admiré de nombreux couchés de soleil, seul évidement, le Chasseur de Légendes écrivit quelques lignes sur la beauté des lieux.

Il profita de cet élan pour rédiger une note qu'il confia au garde en faction à l'extérieur du mystérieux domaine.

D'une main précise et affinée, on pouvait lire sur le bout de parchemin :
"Jamais personne ne m'avait parlé de cette atmosphère si somptueuse, même pas les livres, et je doute que ma venue jusqu'ici soit le fruit du hasard. J'eus connaissance de votre Ordre, il y a bien longtemps. Maintenant, Si vous avez besoin d'un humble bibliothécaire, rencontrez-moi sur la plage"

Sur une plage proche, on pouvait voir un petit camp de toile de fortune, flottant dans le vent, remplis en désordre de matériel d'écriture, de peinture, d'une étrange collection de bocaux, de sacs, d'instrument de calcul et de trace de danse dans le sable.

La mer était calme, et le soleil pourpre.

L'homme avait désormais une barbe sombre et épaisse.
N'ayant plus la force ni le courage de trouver de quoi se nourrir,
Et voyant un peu d'animation à l'intérieur des murs du lieu bien étrange,
Il décida de frapper trois grand coup massif sur la porte du devant du palais,
Avant de prendre définitivement la direction du golfe de Marga.

Peu importe son occupant, pourvu qu'il y trouvât le gîte et le couvert.

Arrivé aux abords du golfe de Marga, Will put se réconcilier avec ces activités le ventre plein.
De façon plus civilisée, il se remit à rêvasser sur la plage, aux lueurs orangées.
Il reçut même la visite de plusieurs personnages hauts en couleur qui vinrent lui parler,
En toute sympathie, au coin du feu.

Adossé à une vieille poutre d'un bateau échoué,
L'homme soigneusement habillé, regardait les passants d'un air enjoué.
Se retrouver si loin de la Kryte embaumait son cœur d'aventure et de trésors.

Son arrivé ici n'était pas de pur hasard, il cherchait avec amusement,
Les traces d'un Ordre Apostat.

Plusieurs grands bateaux amarraient chaque jour dans la Baie,
Contenant toutes sortes de voyageurs.

En tailleur dans une maison à pilotis, William fort bien à son aise,
Fumait, dans ce qui semblait être une longue cane,
Une herbe sèche et assez forte cueillit dans les grandes plaines.

Cette drogue douce rendait si enivrante la nuit étoilée et rythmée par les vagues proches,
Les faibles lumières des autres cases construites à même la falaise,
Les discutions derrière lui, dont il ne comprenait pas un traitre mot, des autochtones qui l'avaient invité,
Les traits et les courbes libertines de cette charmante indigène.

Ce petit coin de paradis lui faisait presque oublier ce pourquoi il était là.
Son visage était paisible, non sans garder sa dignité.
Tout n'était que calme, douceur et volupté.

Sous les ardents conseils de ces femmes qui riaient au éclats,
L'homme se resservit en ce délicieux gin d'amélanchier.

Le phare, quant à lui, formidable colosse haut perché,
Veillait sans retenue sur la Baie, et plus loin, la Mer.

Les habitants du port de Nundu s'entêtaient à fêter le retour des marins,
Tandis que le grand vaisseau à tête aviaire, immobile et immense, observait le spectacle.

Deux mois passèrent et le voyageur commença à avoir le mal du pays.
Il remercia la famille Tuknai pour l'avoir si chaleureusement accueilli,
et en passant par le port de Nundu, se remémora les éclats de rire qu'il partageait avec les pêcheurs.
La mer fut calme sur le chemin de retour en Kryte.

Il y avait des tonnes de manuscrit à ranger et durant son absence,
la Grande Bibliothèque de l'Arche du Lion était devenu un vrai capharnaüm.
Il passa donc 3 jours sans voir le soleil à ranger, trier, rénover.

Un beau matin, une conversation douteuse entre les rayons attira son attention.
Deux hommes vêtus entièrement de rouge discutais à propos d'un probable transfert de livres très anciens sur une île, au abords de Kourna.
Après s'être secrètement renseigné, Will fit tout son possible pour faire partie de cette expédition.
Il alla même jusqu'à annuler une commande d'artefacts d'un riche Canthien et des cours particuliers sur l'Histoire d'Orr Vol.7-8 à un Krytien capricieux.
Il fut juger apte à l'expédition en donnant les plans d'un coffre hermétique capable de protéger les parchemins de l'eau et du sel.

Naviguant de nouveau, Will contemplait le paysages extraordinaire des côtes Sud-Ouest Eloniennes,
où des milieux naturelles, des climats semblaient cohabiter avec une facilité déconcertante.
Le capitaine du navire ria aux éclats, mais répondit tout de même à la question de Will :
"Non, et encore non ! Il n'y a rien à l'Ouest d'ici, que la mer pardi ! Et l'océan infinis !"

Après deux semaines de mer, Will arriva finalement sur l'île mystérieuse qu'il connaissait bien.
Au déchargement, il dut subir les railleries des membres de l'Ordre de Soupirs, n'étant qu'un simple employé de Bibliothèque.
Avant toute chose, il devait absolument trouver un endroit sec et épargné pour les livres, au palais des Apostats.

Plus déterminé que jamais, il enquêta sur place sur l'Ordre dont il ne connaissait que le nom.
L'activité grandiose qu'avait provoqué tous les nouveaux arrivant sur l'île, lui permit de recueillir de nombreux témoignages,
et possiblement d'être en contact avec un membre de l'Ordre d'Apostasie !

Alors qu'elle était rentrée depuis peu de son voyage de noces, un des derniers gardes de l'Ordre encore en vie
et qui avait dorénavant pout tâche de relayer les messages importants et d'escorter les visiteurs vint la trouver.
I lui expliqua la présence dans l'enceinte du palais d'un individu étrange, un homme à la carrure d'un solide combattant
mais qui se prétendait être scribe ou bibliothéquaire et qui se promenenait avec une cargaison de livres.
N'ayant trop su quoi en faire les lanciers qui avait jugé l'homme peu dangereux l'avaient plus au moins autorisé à rester
sur place et l'avait envoyé auprés d'un représentant de l'Ordre d'Apostasie, l'amabassadeur Helkmath Noro.
Mais ce dernier avait du partir à l'étranger pour affaire urgente laissant en plan le pauvre bougre qui disait errer d'un endroit
à l'autre de la Tyrie à la recherche de l'Ordre d'Apostasie.
non pas qu'il aderait à leurs idées, mais cette guilde bien qu'unique en son genre lui avait surtout paru plus porté sur les
sciences réthoriques et la philosophie que la plupart de celles qu'il avait cotoyé et il lui semblait quec'était le genre d'endroit
ou un homme de culture pouvait se sentir plus à l'aise qu'ailleurs, tout en apportant une certaine contribution intellectuele;

Prétoria fit donc accompagner cet homme, qui répondait au nom de Will Dragonnar, dans un salon, petit mais agréablement
décoré. Elle fit servir un thé vabbian légérement sucré et proposa à son invité quelques pâtes de fruits et dates avant d'écouter
son histoire.
Tout en buvant son thè elle écouta avec attention les errances du pauvre bougre, dissimulant parfois un sourire amusé derrière
sa tasse. Une fois qu'il eut terminé son récit, la maîtresse de l'Ordre d'Apostasie reposa sa tasse sur la table basse en acajou
qui se trouvait devant elle avant de prendre la parole.

" Et bien je dois admettre que j'ai rarement connu quelqun capable de faire montre d'autant de persévérance, fit-elle trés sérieusement, mais si je puis me permettre de poser la question, en quoi pensez vous nous être utile?"

Ses cheveux carmin était légèrement humide et tirés en arrière. Il portait une tunique d'ivoire assez large, aux motifs ocre et nacre.
L'homme penchant ses épaules sur celle que l'on appelait Pretoria et poussa d'une main puissante, sur la table basse, un petit livre rongé par l'humidité et le sel.
William esquissa un sourire, et parla d'une voix grave emplie d'alacrité douce et robuste.

" Dans le coeur des Hommes se cachent souvent un trésor inestimable. On ne peux pas le nommer et encore moins l'atteindre. L'image que je me fais de ce trésors est un livre, dont les secrets, les passions les plus sincère sont écrites. Le votre est sombre, quoique je pourrais en juger seulement lorsque je vous aurez vu au combat. La plupart des gens ne se soucient pas de ça, et ils laissent les trésors là où ils sont. Seulement voila, il n'y a pas que des trésors inatteignables, mais aussi des artéfacts puissante que des civilisations entière, des êtres vivants cherchent à obtenir, et/ou à utiliser.
Ainsi sont nés les Chasseurs de Légendes, dont je suis issu.
Mon employeur actuel est la Grande Bibliothèque de l'Arche du Lion, qui m’envoie régulièrement par monts et par vaux honorer des commandes et des recherches. Vous vous demanderez peut être que fait un Guerrier comme moi, dans une bibliothèque, à jouer les Gardiens du Savoir ? Et bien, il y a de cela cinq ans, par un concours de circonstances, je me suis retrouver comme livreur spécialisé dans le convoie et la protection de cargaisons lourdes et couteuse. Grâce à une dévotion zélée pour les Arts Savants, j'ai pu obtenir de la Confrérie des Archivistes la responsabilité de quelques rayons de livres et ainsi de suite, jusqu'à pouvoir investiguer mes propres recherches. Mais la connaissance a un prix, au point de douter de l’existence même des Dieux. "

Il soupira en se perdant quelques secondes dans la contemplation des jeux de lumière agencé par les mosaïque et les rideaux.
Après cela, il pris avec une précaution ferme quelques dates qu'ils disposa sur le petit livre précédemment présenté.
Les petits fruits s’enfoncèrent allègrement et dans une lenteur inquiétante au travers des quelques centaines de pages.
Le livre finit par céder.
Presque ému, Will reprit la parole, accusant du regard le crime commis :

" Quant à la question de mon utilité ici, elle est devant vos yeux. "

D'un geste de la main et sans remords, il versa les restes du livre dans une tasse de thé.

" Et le coeur d'un Homme vient de s'effondrer. "

Prétoria se contenta d'observer son étrange interlocuteur durant de longues secondes avant de rompre le silence.

" Je suis curieuse de nature et dés mon arrivée en Ascalon, alors que je n'étais encore qu'une enfant j'ai cherché des réponses.
Des réponses à tout. Les hommes, la magie, les dieux, la mort. J'ai trouvé des réponses diverses et contradictoires.
aucune n'était satisfaisante. J'ai était initiée à la magie et aux intrigues de cours , ce qui anmena encore plus de questions..."

Prétoria eut un petit sourire et laissa sa phrase en suspend.

"J'ai voyagé, espionné, intrigué, tout remis en question y compris mes propres croyances et conviction. J'ai cherché à satisfaire
ma curiosité, à étancher ma soif de connaissance, ma quête de vérité. Avec les années j'ai accumulé des connaissances venant
des quatres coins de la Tyrie. J'ai collecté des informations, rassemblés des extes anciens, des enliminures, des codex, des parchemins que l'on pensait perdus. J'ai versé du sang et de l'or pour les obtenirs et tout a été balayé en une seule fois par la folie d'une nécromantienne superstitieuse"

Le dégoût transparaissait dans la voix de Prétoria dont le regard se tourna vers une des fenêtres du petit salon. Elle soupira et
son regard se perdit vers l'horizon.

" Je comprends trés bien ceux qui sont en quête du savoir, même si leurs motivations divergent des miennes"

Son regard se porta à nouveau sur le dénommé Will Dragonnar.

"Votre expérience pourrait m'être utile si je cherchais à nouveau à retrouver certains ouvrages. Mais j'ai une autre question.
Pourquoi êtes vous venu à moi ? Pourquoi pensez vous que je puisse vous être utile? "

Will serra le poing et trembla d'excitation, tant il fut satisfait de pouvoir exposer aussi rapidement ses intentions.
Il savoura cet instant, puis pris la parole, non sans cacher son emballement :

" Il y a, non loin d'ici, un monument que vous connaissez sûrement : Fahranur, la Première Cité ! Un ami et collègue de la Bibliothèque de Chokhin, Gahmir Leon, m'a mis sur la piste d'une probable connexion entre cette cité et les rois Orriens antiques. Bien que Fahranur soit antérieur à la cité d'Orr, il reste encore des vestiges ! Peut être même que cette île contient des preuves du passage des Roi Primitifs !
Néanmoins, la côte Ouest Istani est très dangereuse, et j'aurais besoin de beaucoup d'entraînement pour plonger assez profond, et ramener des pièces témoignant ce que défend Gahmir dans sa thèse.
Votre île est toute proche de l'objet actuel de mes recherches, elle dispose de tout le confort et des charmes nécessaire à mon entretiens. "

Le Guerrier caressa inconsciemment les motifs d'acajou devant lui.

L'homme se tourna vers son marteau reposant à ses côtés et en ouvrit la tête dans un couinement de gond, pour en sortir une version neuf et lustré de l'album auparavant détruit.
Il déclara, dans un rire franc :

" Et j'ajouterais même cette merveilleuse édition de la faune des montagnes du Sud-Ouest Elonien à cette bibliothèque. Notre Bibliothèque. "

Il regardait désormais la Nécromante avec beaucoup de conviction.

Alors qu'elle s'apprétait à répondre un garde apparut à l'entrée du salon et s'inclina pour saluer Prétoria, sans dire
un mot de peur d'interrompre la conversation il se contenta de se redresser et d'attendre qu'on l'invite à parler.

" Et bien Flavinius, fit Prétoria en haussant la voix de manière autoritaire, que se passe t-il? Parle voyons"

" Il s'agit de Dame Kaena Storm madame. Elle est revenue et vous demande d'urgence"

Will Dragonnar put lire la surprise sur le visage de son interlocutrice, une surprise qui céda rapidement sa place à la détermination.
Dans un froissement de tissu Prétoria se leva rapidement du canapé confortable dans lequel elle était assise.

" Où se trouve-t-elle?" demanda la maitresse de l'Ordre tout en lissant sa longue robe noire et blanche.

"Dans la cour intérieure, sur la bute. Elle est revenue...avec le dragon..."

Prétoria soupira et se tourna vers Will Dragonnar avant de lui adresser à nouveau la parole.

" Votre proposition est aussi surprenante qu'intéressante. Mais les choses sont devenues ...quelques peu compliquées.
Les Lanciers du Soleil ont récement installés une garnison ici et nous ne sommes iplus que les locataires des lieux.
L'Ordre des Soupirs à aussi quelques agents dont leur ancien maitre et je ne crains que vous n'ayez a partagé la bibliothéque
avec eux. En ce qui me concerne je m'en voudrais de refuser la proposition d'un homme aussi persistant que vous,
ce qui à mes yeux est une qualité.
Vous pouvez donc rester parmi nous et voir ce que vous pouvez faire avec l'ancien Maitre des Soupirs.
Je suis navrée de devoir écourter cette entrevue mais un devoir urgent m'appelle"

Prétoria s'inclina rapidement et dans un nouveau froissement de tissus elle se dirigea vers le garde qui attendait ses instructions.
Avant de quitter la pièce elle lança un "bienvenu parmi nous" en direction de Will et sortit précipitament du salon avec le garde
sur ses talons;